Passage du Nord-Ouest :
Sur les traces de Sir Franklin :
Le passage du Nord-Ouest est une route maritime mythique qui permet aux navires de relier l’océan Pacifique à l’océan Atlantique (ou inversement) en passant par le nord du continent américain.
Ce passage, qui est composé de plusieurs chenaux et ne reste libre de glace que l’espace de quelques semaines au cours de l’été arctique, est très prisé des amateurs et professionnels des mondes polaires. Celui-ci étant recouvert de banquise pendant une longue période de l’année, il est possible de le parcourir en ski, pour l’instant…
Le réchauffement climatique et la fonte de la glace de mer ne permettront peut-être plus à l’avenir de le parcourir avec des moyens « terrestres » (ski, vélo, etc.). Cette fonte laissera place à une voie facilement navigable qui permettra aux industriels maritimes d’emprunter ce passage beaucoup plus court avec aisance et d’augmenter leurs profits… Ce qui pourrait les conforter dans leur inaction face au réchauffement climatique ?
Historiquement, le passage du nord-ouest a depuis des siècles nourri la curiosité des explorateurs qui ont été « nombreux » à s’y rendre. L’un d’entre eux était le capitaine John Franklin, qui au milieu du XIXe siècle lança une expédition (L’expédition Franklin) ayant pour but de réussir la toute première traversée ! Ce fut un échec désastreux, les deux navires, Franklin et les 128 membres d’équipage périrent dans des circonstances qui encore aujourd’hui restent floues.
Le but de l’expédition « Passage du Nord-Ouest, avril 2024 » est de suivre les traces de Sir Franklin sur une partie de son itinéraire. Celui-ci consistera à relier en ski, tant que cela est encore possible, deux communautés Inuits du Nunavut : celle de Resolut Bay au nord jusqu’à celle de Gjoa Haven au sud. Entre un climat extrême, une banquise parfois capricieuse et une faune pouvant être hostile, toutes les conditions d’une belle expédition sont réunies !
Au final, un peu plus de 700 km à parcourir en moins de 35 jours en solitaire et sans assistance !
Retour d'expérience :

Rejoindre le point de départ de l’expédition.
Un vol depuis Marseille avec pulka, sac de ski, fusil et un autre gros sac, tous rempli au maximum de leur capacité afin de transporter mes 100kg de matériel. Une escale à Paris et je m’envole pour le Canada. Je passe 3 jours à Ottawa, durant lesquels je visite la ville et j’achète encore un peu de nourriture pour finir de compléter les 5000 Kcal que je devrais ingurgiter chaque jour.
Un dernier vol, qui se fera en plusieurs étapes, me mènera à Resolute Baie. Deux dernières journées de préparation et je prendrai le départ!
L’expédition fut brève…
J’ai dû commencer par faire un détour de plusieurs dizaines de kilomètres car d’après certaines informations glanées sur place la banquise sur le début de mon itinéraire était ouverte ( informations qui se révèleront erronées… ). J’ai donc quitté Résolute Baie en contournant l’île Griffith par l’ouest, passage où la banquise présentait de nombreuses zones de compressions. La rencontre avec l’ours ne s’est pas fait attendre, seulement 2 heures après mon départ j’aperçois le roi de l’arctique se dirigeant vers moi à une centaine de mètres. Sautant sur mon fusil resté posé sur la pulka et changeant de cap, il se désintéresse de moi et continu sa route.
Chercher en permanence le chemin le moins ardu entre les blocs de glace, tout en zyeutant à 360° à la ronde la présence potentielle d’un ours est une tache plutôt éreintante.
Lors de ma 4ième journée, de gros glaçons se sont formés sur ma barbe, ceux-ci m’empêchent d’ouvrir la bouche. Le soir venu, je découpe ces blocs aux ciseaux, là sera mon erreur. Malgré le fait que je fasse cela au dessus de mon réchaud, je laisse mes mains nues et au contact de la glace trop longtemps sans m’en rendre compte. Quelques heures plus tard, dans mon duvet, je sentirai des cloques qui se seront formées sur l’un de mes doigts. Après examen de ma part, je remarque que mon doigt à déjà changé de couleur, il est violet. Une gelure, et à ce stade le seul moyen d’y remédier et de ne plus être exposé au froid. Au bout de quelques heures, je prend la difficile décision d’abandonner…