Pyramiden :

Sur le territoire des ours polaires :

Itinéraire prévu

L'expédition :

L’expédition sera composée de cinq membres : deux Allemands, deux Belges et un Français. Nous partirons de Longyearbyen début avril 2025 avec pour objectif d’atteindre Pyramiden.

Sur notre itinéraire, nous devrons franchir des portions de banquise et progresser sur plusieurs glaciers, en naviguant dans des zones crevassées. Tout cela en gardant un œil, jour et nuit, sur le roi de l’Arctique. En effet, le Svalbard abrite une importante population d’ours polaires !

Une fois notre objectif atteint, nous devrons de nouveau avancer sur la banquise afin de rejoindre un bateau qui nous ramènera à Longyearbyen.

 

Nous nous sommes donné quinze jours pour réaliser cette expédition, un délai qui nous permettra de progresser à notre rythme. Cela nous offrira l’occasion d’avancer sans pression, de prendre le temps d’admirer la faune, et, dans le cas où la météo ne serait pas favorable, de stopper la progression le temps nécessaire.

Longyearbyen :

Le village de Longyearbyen  est situé sur l’île principale de l’archipel du Svalbard, appelée Spitzberg. Il s’agit de l’une des localités les plus nordiques du monde et elle peut être considérée comme la ville la plus septentrionale de la Terre, si l’on admet qu’elle regroupe une population assez importante pour constituer une ville. Les seuls lieux habités de la planète situés encore plus au Nord sont des stations scientifiques ou militaires sans véritable population locale.
La caractéristique la plus notable du climat de Longyearbyen est le manque de lumière pendant plus de quatre mois au court de la période hivernale, et une abondance de lumière avec un soleil qui ne se couche pas pendant l’été. En effet, la nuit polaire commence le 26 octobre et se termine le 16 février, tandis que le soleil de minuit est visible du 19 avril au 24 août.

Temp. moy. en été : 7°C,
record : 21,7°C juillet 2020

Temp. moy. en hiver : -21°C,
record : -49,2°C mars 1917

Précipitations par an : 300 mm (neige principalement).

Pyramiden :

Pyramiden : ancienne localité du Svalbard, campement soviétique et communauté minière située sur l’île principale de Spitzberg.
Son nom provient d’une montagne en forme de pyramide au pied de laquelle elle fut fondée par des Suédois en 1910. En 1926, les Russes en font l’acquisition, avant de la céder à la compagnie minière Arktikougol en 1931.Fonctionnant de manière totalement autonome et gérée comme une entreprise jusqu’à la fin des années 1990, l’exploitation minière est arrêtée le 31 mars 1998. La ville est alors abandonnée, et seuls quelques gardiens l’occupent durant la saison estivale pour accueillir les rares aventuriers qui viennent la visiter. Pyramiden fait désormais partie de la longue liste des villes fantômes du Spitzberg.


Temp. moy. en été : -4°C,

record : 16,5°C

Temp. moy. en hiver : -8,5°C,
record : -34°C 

Précipitations par an : 400 mm.

Retour d'expérience :

Jour 1 : Longyearbyen – Advendalen

Distance : 15,85 Km,
Dénivelé : 92 D+, 89 D-,
Temps 5h45 

Première journée relativement plate, sur une piste de motoneige. Le nombre de touristes partant de Longyearbyen en motoneige est impressionnant : leurs traces créent une véritable autoroute. Le soleil nous a accompagnés toute la journée, et les températures, entre -15 et -20 °C, étaient idéales pour skier.

Nous progressons de la manière suivante : 50 minutes de ski, suivies de 10 minutes de pause, et nous recommençons autant de fois que nécessaire pour atteindre l’objectif du jour. Une fois arrivés sur notre zone de bivouac, nous montons les tentes ; chacun prend ses marques au sein de l’équipe.

 

Ce soir, la neige est insuffisante pour poser le système d’alarme contre les ours. De toute façon, nous assurons un tour de garde toute la nuit.

Jour 2 : Advendalen – Olivierbreen

Distance : 12,34 Km,
Dénivelé : 414 D+, 39 D-,
Temps 6h18 

Cette deuxième journée a également été très ensoleillée ; pour l’instant, nous sommes chanceux côté climat. Aujourd’hui, nous avons progressé en montée la majeure partie du temps.

Les traces de motoneiges sont toujours présentes, mais elles s’estompent peu à peu.

Nous posons le bivouac dans une zone avec une bonne épaisseur de neige ; je peux y installer le système d’alarme pour les ours, mais nous maintenons tout de même nos tours de garde.

Jour 3 : Olivierbreen – Flowerdalen – Fredheim

Distance : 26,02 Km,
Dénivelé : 611 D+, 1010 D-,
Temps : 13h27 

La journée commence dans un white-out total. Nous montons sur le glacier avec une visibilité très réduite, ce qui nous conduit à monter trop haut et à nous tromper d’itinéraire.

Nous arrivons sur une sorte de plateau, mais malheureusement la vue n’est pas dégagée. Nous revenons donc sur nos pas pour rejoindre le parcours prévu.

Pour éviter de descendre trop bas puis de devoir remonter, je choisis de rester sur une courbe de niveau. L’équipe me suit, mais nous nous retrouvons à devoir franchir un devers qui tombe à pic sous nos pieds, dans lequel il vaut mieux ne pas tomber. Le passage est un peu dangereux, mais tout se passe bien.

Ensuite, nous entamons une très longue descente, raide au début, mais qui s’adoucit considérablement au fil des kilomètres. Momo, qui avait fait une chute la veille, a de plus en plus de mal à skier.

Nous finirons par prendre sa pulka et le faire monter sur l’une des nôtres pour le redescendre au mieux jusqu’au fjord, car il décide difficilement d’abandonner.

Là, tout s’enchaîne très vite. Au bord du fjord se trouvent des cabanes habitées. L’un des propriétaires présents est le manager des pilotes de secours. Il appelle un hélicoptère, qui arrive en quelques dizaines de minutes.

Momo s’envole et voit un médecin. Résultat : fracture du ménisque.

Nous apprenons en même temps qu’une tempête approche, et nous décidons donc de changer d’itinéraire afin d’être dans une zone plus propice lorsque la tempête nous atteindra.

Ce soir, nous choisissons aussi de repartir et de parcourir encore dix kilomètres pour atteindre une cabane. Il est déjà tard à ce moment-là.

 

Nous arriverons à minuit. Nous faisons le strict nécessaire puis nous nous couchons. Nous ferons notre eau demain matin.

Jour 4 : Fredheim – Templefjord – Burn Murdochbreen – Boltonbreen

Distance : 22,76 Km,
Dénivelé : 563 D+, 468 D-,
Temps : 10h25 

Après avoir fait toute notre eau et avalé un bon petit déjeuner, nous chaussons nos skis et commençons la journée par la traversée de Templefjord. Environ 10 kilomètres de banquise que nous parcourons en trois heures, en prenant le temps d’observer les nombreux phoques sur notre passage.

Nous attaquons ensuite l’ascension du Burn Murdochbreen, qui semble interminable : chaque fois que nous pensions voir le bout, nous nous rendions compte que ça continuait de monter encore plus loin !

 

Il nous faudra 4h30 de ski pour en venir à bout, avant de profiter d’une belle descente, au bas de laquelle nous montons notre bivouac pour la nuit.

Jour 5 : Boltonbreen – Gispdalen

Distance : 11,76 Km,
Dénivelé : 120 D+, 150 D-,
Temps : 4h40 

White-out ce matin : nous progressons dans un blanc total, laissant parfois apparaître les sommets des montagnes environnantes. Notre objectif aujourd’hui est simplement de nous enfoncer un peu plus dans la vallée afin de trouver le meilleur emplacement possible pour installer notre bivouac, car une tempête arrive.

Une fois celui-ci trouvé, nous construisons un mur de neige pour protéger nos tentes et nous nous préparons à passer au moins 24 heures sur place.

Jour 6 : Gispdalen

Distance : 0 Km

Nous passons la journée sous nos tentes à cause de la tempête. À plusieurs reprises, nous avons dû en sortir pour les déneiger, car elles se faisaient ensevelir sous l’accumulation de neige.

Lors de l’une de ces sorties, je remarque que le système d’alerte pour les ours a sauté. Avec le bruit de la tempête, nous ne l’avions pas entendu. Inutile de le remettre en place, il ne tiendrait pas.

Vers 20 h, une accalmie s’offre à nous. Nous en profitons pour consolider notre mur de neige et déblayer autour de nos tentes.

 

Finalement, la tempête ne reprendra pas, et nous avons pu passer une nuit calme.

Jour 7 : Gispdalen – Florabreen – Nordenskiölbreen – Kapp Napier

Distance : 22,86 Km,
Dénivelé : 583 D+, 661 D-,
Temps : 10h16

Après avoir fait le grand ménage en brossant et en évacuant toute la glace qui s’est accumulée sur et dans nos affaires pendant les dernières 24 heures, nous reprenons la route.

Avant l’ascension du glacier Florabreen, nous découvrons notre première trace d’ours. Elle est ancienne, pas de risque immédiat.

Ensuite, nous arrivons sur le glacier Nordenskiöldbreen, qui nous offre une vue imprenable sur le fjord Billefjorden et, à l’horizon, nous pouvons deviner Pyramiden.

Nous nous rapprochons du but, mais ce ne sera pas pour aujourd’hui, car nous décidons de nous arrêter dans une cabane à 10 km de notre objectif. Pour cela, nous remettons de nouveau le pied (ou plutôt les skis) sur la banquise, en faisant une halte sur le front du glacier que nous venons de descendre.

 

De nouveau, nous tombons sur des traces d’ours plutôt impressionnantes, qui n’ont que quelques heures au maximum.

Jour 8 : Kapp Napier – Billefjorden – Pyramiden

Distance : 9,67 Km,
Dénivelé : 23 D+, 21 D-,
Temps : 3h19

La nuit passée dans la cabane a été très froide. Nous n’avons pas vraiment réussi à faire sécher nos affaires, notamment nos duvets qui avaient pris l’humidité ces derniers jours.

Seule une ligne droite de 10 kilomètres sur une banquise impeccable nous sépare désormais de notre objectif.

 

Une fois arrivés, nous nous offrons le luxe de rester à l’hôtel et de manger au restaurant !

Jour 9 : Pyramiden – Billefjorden – Kapp Napier

Distance : 9,83 Km,
Dénivelé : 26 D+, 26 D-,
Temps : 3h15

Aujourd’hui, nous avons réservé une visite guidée de Pyramiden, seul moyen d’accéder aux bâtiments fermés.

Ensuite, nous avons essayé de savoir s’il y avait un bâtiment où nous pourrions rester les prochaines nuits, histoire de continuer à explorer les environs, et aussi pour éviter de faire des rondes la nuit, car plusieurs ours polaires rôdent dans les parages.

On nous fait bien comprendre que ce n’est pas possible.

 

Nous décidons donc de retourner dans la cabane que nous avions utilisée l’avant-veille, de l’autre côté du fjord, à 10 kilomètres de ski.

Jour 10 : Kapp Napier – Pyramiden – Kapp Napier

Distance : 19,21 Km,
Dénivelé : 89 D+, 96 D-,
Temps : 6h49

Nous laissons une grande partie de notre matériel dans la cabane et retournons à Pyramiden pour explorer une autre partie de la ville ainsi que la mine. La montée jusqu’à celle-ci est très longue, mais cela en valait la peine. Armés de nos frontales, nous entrons dans la mine pour une petite partie de l’après-midi. Puis, le soir venu, nous repartons en direction de la cabane.

Jour 11 : Kapp Napier – Billefjord – Kapp Napier

Distance : 28.7 Km,
Dénivelé : 23 D+, 22 D-,
Temps : 9h45

Nous avions rendez-vous avec le bateau de tourisme qui devait nous récupérer entre 12 h et 13 h à l’extrémité de la banquise. Nos cartes des glaces nous indiquaient que nous n’avions que 5 kilomètres à parcourir. Après être arrivés au bout de ces 5 kilomètres, nous comprenons que nos cartes sont incomplètes : la banquise s’étendait devant nous sur des kilomètres.

Nous mettons les bouchées doubles, skions sans relâche, tirons sur nos pulkas, sans faire de pause. Notre obsession est d’attraper le bateau avant qu’il ne reparte, car il ne peut rester sur place que quelques dizaines de minutes.

Nous arrivons à une première zone d’eau libre au bout de 12 km. Nous devons la contourner et nous nous retrouvons sur des plaques de glace mouvantes, de plus en plus petites et instables. L’un d’entre nous est à deux doigts de tomber à l’eau, mais il est rattrapé in extremis ; seul un de ses pieds prendra un bain.

Nous avons accumulé du retard, mais nos espoirs renaissent lorsque nous apercevons le bateau au loin. Malheureusement, il est de l’autre côté du fjord. La glace de son côté est trop épaisse pour qu’il puisse nous rejoindre, et de notre côté, des zones d’eau libre et une glace trop fine nous empêchent d’avancer.

 

Nous devons nous résigner à laisser le bateau repartir et faire demi-tour. Le bateau ne repassera que dans deux jours. Nous espérons qu’ici-là, le vent aura dispersé toute cette mauvaise glace et que nous pourrons l’atteindre.

Crédit photo : Merlin Cerise

Jour 12 : Kapp Napier 

Distance : 0 Km,

Une journée d’attente pour retenter notre chance avec le bateau le lendemain. Nous avons la visite de deux renards polaires très curieux, qui s’approchent parfois à moins d’un mètre de nous. Nous avons également pu observer quelques rennes aux alentours.

Jour 13 : Kapp Napier – Billefjord

Distance : 12,1 Km,
Dénivelé : 3 D+, 24 D-,
Temps : 3h33

Seconde tentative pour attraper le bateau. Cette fois-ci, pour ne pas être pris de court, nous prenons les devants en nous levant à 4 heures du matin pour un départ à 5 heures. Par chance, le vent des deux derniers jours a chassé toute la mauvaise banquise.

Nous arrivons au bord de l’eau sous un très beau soleil, avec une banquise parfaite pour l’accostage du bateau. Avec toutes ces bonnes conditions réunies, nous arrivons très en avance.

 

Nous passons donc plusieurs heures à attendre le bateau, pendant lesquelles nous avons eu la chance d’observer des bélugas à seulement quelques mètres de nous.